Fonction | Titulaire | Depuis | Fonction | Titulaire | Depuis | |
Président de la République | Paul BIYA | 1982 | Président Assemblée nationale | Djibril CAVAYE YEGUIE | 1992 | |
Président Conseil économique et social | Luc AYANG | 1984 | Président de la Cour suprême | Alexis DIPANDA MOUELLE | 1991 | |
Premier ministre | Simon ACHIDI ACHU | 1992 |
Pour tordre le cou à une crise qui ne finit pas, le Gouvernement a adopté différentes stratégies de réduction du train de vie de l'Etat ont connu leur point culminant cette année, avec deux baisses de salaires en l'espace de 10 mois soit trois baisses en deux ans! En effet, au cours de l'année 1993, les agents de la fonction publique camerounaise ont subi une première baisse de salaire, de l'ordre de 30 %, au mois de janvier, suivi d'une deuxième baisse, d'environ 50 %, au mois de novembre.
Les temps sont durs pour les fonctionnaires camerounais. Secoués d'entrée par une baisse des salaires de 10% en janvier, ils ont pris peur à cause des retards répétitifs avant de vivre le calvaire en septembre et en octobre, mois au cours desquels ils n'ont pas eu droit au moindre kopek.
En novembre, ils ont reçu un nouveau coup de massue, avec une nouvelle baisse des salaires, plus importante que la première, e l'ordre de 65%!
Paul Biya a tenté de donner une explication dans son discours de fin d'année : "Le choix était pourtant douloureux -ou licencier plusieurs dizaines de milliers d’agents de l’État -ou procéder à une nouvelle baisse des rémunérations à un niveau compatible avec nos ressources. Nous avons choisi la réduction des salaires pour ne pas avoir à jeter dans la rue des dizaines de milliers de Camerounais, pères et mères de dizaines d’enfants et de famille, jeunes en début de carrière, anciens fonctionnaires dont la reconversion aurait été difficile".
Habituellement payés le 16 du mois, les personnels de l'Etat doivent désormais attendre le 30 pour "toucher" leurs salaires. Une situation qui n'est pas sans désagréments.
Les paysans sont aussi atteints que les fonctionnaires. La Nouvelle Politique Agricole (NPA), adoptée par le gouvernement dès 1990, aboutit à la «la fermeture des entreprises d'encadrement telles que l'ONCPB, la privatisation progressive des activités de développement de l’agriculture, la responsabilisation plus accrue des agriculteurs et la diversification de la production agricole». Non préparés à cette nouvelle donne et ayant subi le fouet de la chute des prix des produits agricoles sur le marché international, les paysans sont aux abois! Beaucoup abandonnent le travail de la terre.
Douloureux changement d'époque! Jusqu'à l'année dernière, le Gouvernement offrait des bourses aux étudiants inscrits dans les universités d''ici et d'ailleurs. Ce temps-là est désormais révolu!
Et de quelle manière! Non content de supprimer la bourse à la majorité des étudiants, le Gouvernement a décidé de leur faire payer dorénavant l'inscription l'université!
Pour les étudiants et leurs parents frappés par une crise dont peu voient le bout du tunnel, la pilule est amère.
Les frais d'inscription passent de 3.300 à 50.000 francs Cfa, soit une augmentation vertigineuse de 1.415%!
Le Président Biya a signé, le 21 novembre, le Décret n° 93/320 portant réaménagement des horaires de travail dans les administrations publiques. Ce texte ramène la semaine de travail de six à cinq jours, soit de lundi à vendredi. La journée correspondante durera huit heures, de 7h30 à 15h30, avec une pause en mi-journée de trente minutes à fixer par chaque administration. Le chef de l'État entend ainsi dégager du temps afin que les salariés puissent aller cultiver le champ pour y récolter des vivres qu'ils ne pouvaient plus acheter, faute d'argent. Le décret précise également que : « En raison des spécificités inhérentes à certains services publics, les horaires prévus...peuvent faire l'objet d'aménagements particuliers par les chefs de départements ministériels ou les chefs d'unités administratives concernés. »
En janvier de cette année, est intervenue une réforme profonde de l’Enseignement Supérieur. Le décret 92/74 du 13 avril 1993 a transformé les centres Universitaires en Universités à part entière à Buéa, Douala, Dschang et NGaoundéré. Dans le même temps, une seconde université dite Yaoundé II, a été créée à Soa, aux portes de la capitale. Elle sera à vocation juridique et économique . Le Cameroun se trouve dès lors doté de six Universités au lieu d’une seule précédemment.
Les textes de la Réforme :
La réforme universitaire, qui s'est traduite, entres autres, par la suppression de la bourse et l'augmentation de 1500% des frais d'inscription à l'université, a exclu des centaines d'élèves des études supérieures.
En effet, avec la baisse des salaires des parents fonctionnaires, la perte des revenus des ex-employés des entreprises liquidées ou privatisées et l'absence de toute mesure sociale visant à atténuer le choc de la crise sur les couches défavorisées, les enfants issus des familles pauvres n'ont pas les moyens de poursuivre des études supérieures.
La Réforme universitaire a fait disparaitre le poste de Chancelier qui a souvent été un administrateur délégué par Gouvernement auprès de l’université pour veiller au maintien de l’ordre et au suivi de l'ensemble des activités de l’Université.
Place aux Recteurs d’université dont le profil est clairement défini : ils doivent être professeurs de rang magistral, entourés d'équipes plus étoffées.
Deux établissements publics administratifs, le GCE Board et l'Office du Baccalauréat (OBC) ont été créés cette année pour organiser les examens du second cycle de l'enseignement secondaire.
Leur création va permettre de décongestionner la Direction des examens du Ministère de l'Education nationale.
Les troupes nigérianes ont envahi, en décembre, la péninsule de Bakassi, territoire de mangroves d'une superficie de 1.000 km2 situé dans le sud-ouest camerounais (golfe de Guinée) et peuplé à majorité par des pêcheurs nigérians.
Depuis quelque temps, les deux pays s'accusent d'effectuer des incursions sur "leur" territoire et d'y masser des troupes.
Il y a deux ans, le 27 août 1991 à Yaoundé, le Nigeria a remis en cause les accords coloniaux délimitant les frontières entre les deux pays,violant par le fait même les principes sacrés de l’OUA
qui entérine les frontières issues de la période coloniale. Il a exigé une délimitation des frontières dans la zone du lac Tchad, la révision des accords germano-britanniques de 1885 et les
accords anglo-allemands de 1913. En réaction à cette situation, le Cameroun a réaffirmé sa position sur ces divers accords et le principe de l’intangibilité des frontières héritées de la
colonisation.
Pour l'invasion du 21 décembre, le Nigéria a accusé les gendarmes camerounais d'avoir menacé ses ressortissants. Face à cette situation, le Cameroun a décidé de s'opposer à la violation de son
intégrité territoriale et a riposté fermement en repoussant les assaillants.
Une All Anglophone Conférence s'est tenue à Buéa les 2 et 3 avril.
Le Cameroun est-il plongé dans une crise sans fin?
Selon l'AFD (Agence Française de Développement) qui dresse un rapport de la situation économique du Cameroun en 1993, "Les effets de la mise en place, en 1987, d’un plan d’ajustement structurel, se font durement sentir.
La politique de restriction a conduit à une réduction modeste des dépenses courantes et à une contraction importante des dépenses d’investissement public ainsi qu’au développement des arriérés intérieurs. Or, dans le même temps, le système bancaire s’est retrouvé en état de quasi-faillite, ce qui a entraîné une forte contraction de la liquidité et du crédit.
L’ajustement structurel s’est en conséquence transformé en ajustement réel, à travers les différentes composantes de l’absorption : le recul de la consommation des ménages a suivi celui de la consommation publique, et l’investissement privé s’est effondré suite à la politique de contraction des crédits mise en oeuvre par les banques.
La diminution des importations a permis de rétablir l’équilibre courant, mais, pour l’essentiel, l’ajustement structurel n’a pas permis le rétablissement de l’équilibre financier des différents acteurs : en 1993, le déficit public est resté important, le service de la dette publique s’est accru, les entreprises créancières de l’État ont été fragilisées, les banques se sont trouvées dans une situation de quasi-faillite".
Le plus dur est-il à venir?
Le groupe français Total, qui avait une part assez faible dans les réserves et la production de pétrole dans notre pays, a décidé de plier bagages.
Il a vendu ses intérêts à Kelt mais conserve ses activités dans la distribution des produits pétroliers.
Le propriétaire du Groupe éponyme, propriétaire, entre autres entreprises, de CCC (Complexe Chimique Camerounais, savonnerie) et SELCAM (fabrication du sel), de l'Hôtel Méridien de Douala et des journaux Challenge Hebdo et Dikalo, est décédé en mars dernier.